S A H R A O U I E S |
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PRISONNIERS DE GUERRE, PRISONNIERS POLITIQUES,
DISPARUS: POUR LE RESPECT DES DROITS HUMAINS
Malgré toutes les conventions, les injustices politiques entraînent trop souvent les hommes et les gouvernements dans des spirales de violence qui sont à condamner. Dans le conflit du Sahara Occidental, des drames humains affectent le peuple marocain et le peuple sahraoui.
Un rapport de la Fondation française Danielle Mitterrand France Libertés a paru en juillet dernier. Il est le résultat d'une mission de deux membres de cette Fondation qui se sont rendues, du 11 au 25 avril 2003, dans les camps de réfugiés sahraouis près de Tindouf en Algérie pour enquêter sur la situation passée et actuelle des prisonniers de guerre marocains détenus par le Front Polisario.
Après avoir pu librement rencontrer ces prisonniers et s'être entretenues en particulier et sans témoins avec 338 d'entre eux, les deux enquêtrices ont rapporté les témoignages des prisonniers qui parlent notamment de vexations, de mauvais traitements, de tortures, de manque alimentaire et médical et d'exploitation par le travail. La santé des prisonniers visités est très précaire et beaucoup souffrent de troubles psychiques. Alors que la plupart de ces faits concernent les premières années de captivité pour s'étendre jusque dans les années 90, les prisonniers font part de violations de droits humains élémentaires qui sont encore perpétrées aujourd'hui.
Ce rapport nous interpelle. Si nous soutenons sans condition le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, nous ne pouvons cautionner des violations des droits de l'homme lorsque nous en avons connaissance. Nous dénonçons régulièrement et à juste titre (comme la Fondation France Libertés dans un autre rapport) les violations des droits de l'homme et les exactions commises par les forces marocaines d'occupation au Sahara Occidental vis-à-vis des Sahraouis. Nous ne pouvons donc pas nous taire si des responsables sahraouis ont utilisé ou utilisent de mêmes méthodes.
Sans remettre en cause la bonne foi du rapport, ce dernier montre un certain nombre de faiblesses dont nous avons déjà parlé longuement avec l'une des auteures que nous avons rencontrée. Il emporte le lecteur dans des généralisations construites à partir de témoignages, se basant sur des faits rapportés sans avoir pu les contrôler. Il est difficile ainsi de se faire une opinion de la situation actuelle.
Nous avons également demandé à rencontrer un responsable sahraoui afin de mieux saisir la situation et la gravité des faits. Au moment où nous mettons sous presse nous attendons cette entrevue et nous ne manquerons pas de vous tenir au courant du suivi de cette affaire.
Mais, quelle que soit l'issue de ces démarches, un problème demeure : celui des prisonniers de guerre marocains encore aux mains du Front Polisario. Depuis deux ans déjà, nous avons pris position à ce sujet et demandé aux instances sahraouies que tous soient libérés, conformément aux conventions de Genève. Leur maintien en captivité ne peut plus que mettre le Front Polisario dans une situation délicate et indéfendable. Selon le droit humanitaire, les prisonniers ne peuvent être considérés en aucun cas comme une « monnaie d'échange » et ne pèsent en rien dans les tractations en cours pour trouver une issue au conflit. Les maintenir en détention n'est ni acceptable ni soutenable.
Parallèlement, nous ne pouvons pas passer sous silence le fait que le Maroc a refusé pendant des années d'accepter ses soldats que le Front Polisario libérait. Il est tout à fait récent que le Maroc ait instrumentalisé cette question et réclame ses prisonniers. Notre comité le sait bien lui qui a favorisé le contact entre des prisonniers marocains et leurs familles et qui a mené des discussions pour que le Maroc accepte ses soldats libérés.
Le rapport de France Libertés, aussi accablant soit-il, ne doit pas nous faire oublier le sort des Sahraouis emprisonnés ou disparus au Maroc et au Sahara Occidental. C'est à une libération globale que nous devons arriver aujourd'hui qui concerne aussi bien les prisonniers de guerre marocains que les prisonniers de guerre, d'opinion et les disparus sahraouis encore détenus par le Maroc. Ce regard porté d'un côté comme de l'autre est un gage de notre crédibilité et de notre engagement. C'est dans ce sens que nous avons envoyé un message au roi Mohamed VI , au gouvernement marocain et au Front Polisario (voir ci-dessous). Nous devons donc poursuivre nos actions de dénonciations de ces violations.
Le rapport de France Libertés soulève des questions cruciales que nous devons prendre au sérieux. Nous continuons de creuser cette question afin d'intervenir à nouveau auprès des responsables de ces violations.
Libération immédiate de tous les prisonniers de guerre détenus par le Front Polisario et de tous les prisonniers et disparus sahraouis détenus par le Maroc Le Comité suisse de soutien au peuple sahraoui est extrêmement préoccupé par les conditions dans lesquelles vivent ou survivent aujourd'hui les prisonniers de guerre marocains et les prisonniers et disparus sahraouis depuis le début du conflit du Sahara Occidental en 1976. Le rapport de France Libertés de juillet 2003 nous permet d'avoir conscience des conditions dramatiques dans lesquelles se trouvent les prisonniers de guerre marocains détenus par le Front Polisario. Nous n'avons cependant aucune nouvelle des prisonniers et disparus sahraouis détenus par le Maroc. Les seules qui nous soient parvenues datent de 1991 lorsque plus de 300 civils sahraouis disparus ont été libérés. Certains d'entre eux ont pu témoigner de leurs conditions de détention rappelant tout à fait celles de Tazmamart. Le Comité suisse condamne toutes les violations des droits de l'homme commises dans le cadre de ce conflit et demande qu'aucun responsable ne puisse jouir de l'impunité. Aujourd'hui, il n'est plus temps d'attendre. Des vies sont en danger. Tous les prisonniers et disparus doivent être libérés. Comme le veut le principe d'humanité, comme le prévoient les résolutions du Conseil de sécurité. Le Comité suisse se réjouit de la libération d'août 2003 de 243 prisonniers de guerre détenus par le Front Polisario, et au nom de près de 30 ans de solidarité avec le peuple sahraoui et de soutien au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, il appelle les autorités sahraouies à libérer les 914 derniers prisonniers toujours détenus, conformément au droit international humanitaire. Il appelle également le Maroc à libérer tous les prisonniers et les centaines de disparus sahraouis qu'il détient encore. Août 2003 Signé: Comité suisse de soutien au peuple sahraoui. |