N O U V E L L E S

S A H R A O U I E S

BULLETIN du COMITE SUISSE DE SOUTIEN AU PEUPE SAHRAOUI
Nouvelles Sahraouies , No 109, septembre 2003

 

 LE POINT DE VUE SAHRAOUI

Nous donnons ici la parole à l'un des représentants sahraouis en Suisse qui nous livre son analyse de la situation actuelle à propos du nouveau plan proposé par James Baker.

La question du Sahara Occidental a connu ces derniers temps une inflexion de grande importance : après d'intenses tractations qui ont duré plusieurs semaines, le Conseil de sécurité des Nations Unies a tranché le débat relatif au Plan Baker de règlement pour le Sahara Occidental en adoptant, à l'unanimité, le 31 juillet dernier, une nouvelle résolution: la résolution 1495. Qualifié de «solution optimale reposant sur l'accord des deux parties au conflit, le Front Polisario et le Maroc» ce Plan, cinquième du genre, prévoit l'organisation d'un référendum d'autodétermination à l'issue d'une période de quatre à cinq ans. Dans l'intervalle, l'ASO (autorité du Sahara Occidental), qui doit prendre en charge le territoire, aura des compétences exclusives en matière de gouvernement local, de budget, de fiscalité, de sécurité intérieure, de développement économique, de protection sociale, culture, éducation, transports, logement et aménagement urbain, réseau routier, équipement… Le Maroc, disposera, selon le même Plan, du drapeau, de la monnaie, des relations internationales y compris les traités internationaux ainsi que la défense extérieure.

Le rôle de la France

Cependant, la campagne sans précédent menée, tambour-battant, par la France pour faire avorter ce projet et le déballage médiatique marocain qui s'en est suivi, ont révélé, au moins, deux réalités; d'une part le désir patent de la France de maintenir ses visées colonialistes dans la région du Maghreb et d'œuvrer à la déstabilisation permanente de celle-ci et, d'autre part, la mise à nu des intentions réelles du Maroc qui a fini par se dévoiler au grand jour en refusant le principe même du référendum, un référendum dont il craint manifestement l'issue. En tout cas, la preuve est maintenant faite que le Maroc, qui a toujours joué sur la carte du temps, narguait ni plus, ni moins la Communauté internationale et «trichait» ouvertement contre la légalité. L'objectif qu'il s'était fixé &endash; et ça été amplement démontré tout au long des dernières discussions à New York sur le projet de résolution - était de feindre de se plier aux exigences d'un référendum dont il ne voulait assurément pas entendre parler, tout en demeurant attaché à l'ensemble, c'est à dire l'annexion du Sahara Occidental et son intégration au Royaume.

L'escalade marocaine

Lors d'un discours au ton belliqueux prononcé en août dernier, et qui intervient un peu plus de deux semaines après le vote par le Conseil de sécurité de sa récente résolution sur le Sahara Occidental, le Roi du Maroc opta, une fois de plus, pour l'escalade et la rupture perpétuelle avec la légalité internationale en opposant un refus catégorique à toute idée de référendum d'autodétermination pour mettre fin à ce conflit, ce qui traduit on ne peut plus clairement l'intransigeance du Maroc dans sa politique visant à asseoir son occupation coloniale du Sahara Occidental.

La volonté sahraouie

Les Sahraouis, pour leur part, ne peuvent se résigner indéfiniment à un statu quo qui permet au Maroc de consolider son occupation illégale du territoire, de brader, en toute impunité, ses richesses et de maintenir l'opinion publique internationale dans l'ignorance la plus complète par rapport aux restrictions draconiennes imposées aux populations civiles et à la répression indicible qu'elles subissent depuis le début de l'occupation en 1975. Pour favoriser les chances d'une paix réelle dans la région, et en faisant preuve d'une volonté sincère d'aller de l'avant dans la recherche d'une solution juste et définitive du conflit les Sahraouis ont donné, certes, leur accord de principe au Plan Baker, mais cela ne veut pas dire pour autant qu'ils en suivraient, tels des moutons de Panurge, toutes les dispositions qui en découlent. Leur accord demeure conditionné par la mise sur pied d'organismes internationaux ayant les moyens et la capacité de garantir, aussi bien la transparence et l'équité requises pour mener à bien toutes les phases de son application que l'exercice par le peuple sahraoui, de manière libre et démocratique, de son droit inaliénable à l'autodétermination. C'est là que se situe réellement la responsabilité directe de l'organisation des Nations Unies, car si elle n'a pas pu ou n'a pas voulu montrer, par le passé, une quelconque fermeté devant le Maroc, il est temps, aujourd'hui, qu'elle fasse pression sur ce dernier et qu'elle entreprenne des mesures susceptibles de lui faire comprendre que le temps des faux-fuyants et de la complaisance est bien fini. Le rôle et l'action de cette organisation doivent s'inscrire dans le cadre de la charte et des résolutions pertinentes relatives à la décolonisation.

Mohamed Cheikh M'Hamed

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