S A H R A O U I E S |
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SITUATION ACTUELLE
RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L'ONU DU 23 MAI 2003
Kofi Annan demande au Conseil de Sécurité soit
d'abandonner l'idée de trouver une solution acceptée
par toutes les parties et d'en imposer une &endash; le nouveau plan
Baker &endash; soit de laisser tomber purement et simplement le
dossier. Annan estime qu'«après plus de 11 années
et près de 500 millions de dollars de contribution» le
Conseil devrait demander aux parties d'accepter ce nouveau plan. Il
propose une prorogation du mandat de la MINURSO de deux mois pour
l'étudier, ce que le Conseil a accepté à
l'unanimité.
Le Secrétaire général considère que le
Plan de règlement des Nations Unies, que celles-ci tentent de
mettre en place depuis 1991, ne peut être appliqué dans
sa forme actuelle. Aux quatre options proposées par Annan
l'année dernière au Conseil de sécurité
(1. application du plan de règlement sans l'assentiment des
parties, 2. accord cadre du Plan de l'ONU) est venue s'ajouter
maintenant une 5ème option, le Plan de paix pour
l'autodétermination du Sahara Occidental (Plan Baker 2).
Annan considère cette nouvelle option comme «une solution
politique optimale », un projet juste et
équilibré» qui «donne partiellement, sinon
entièrement, satisfaction à chacune des parties»
et qui «donne aux habitants authentiques la possibilité
de décider de leur avenir». Il n'exige pas le
consentement des parties, il est non négociable.
Le Front Polisario, dans sa prise de position annexée au
rapport, privilégie le Plan de règlement initial mais
ne s'oppose pas à cette dernière proposition. Pour
l'Algérie, le Plan Baker 2 «recèle les termes d'un
pari pour la paix au Maghreb», mais doit être
entouré de véritables garanties.
Le Maroc reste favorable à la solution d'autonomie (Plan Baker
1). Pour lui le référendum ne doit comporter que 2
questions: autonomie ou rattachement au Maroc.
Le Secrétaire général, propose comme compromis
un vote en deux étapes avec trois possibilités:
indépendance, autonomie ou rattachement. Si aucune n'obtient
la majorité au premier tour, celle qui a le moins de voix est
éliminée.
CHANGEMENT DE STRATÉGIE
Le 31.07.03 le Conseil de sécurité décide
d'«appuyer» le nouveau «Plan de paix pour
l'autodétermination du peuple du Sahara occidental»,
élaboré par James Baker (présenté dans
les Nouvelles sahraouies de juin 2003). Dans sa résolution,
acceptée à l'unanimité, le Conseil appelle les
deux parties au conflit, Front Polisario et Maroc, «à
travailler à l'acceptation et à l'application» du
plan Baker 2.
Ce nouveau plan n'accorde pas au peuple sahraoui ses pleins droits
à l'autodétermination et à
l'indépendance, il prend largement en considération les
intérêts illégaux du Maroc, puisqu'il permet aux
colons marocains de participer au référendum
après quatre à cinq ans d'autonomie sous
souveraineté marocaine.
Et pourtant le Front Polisario a accepté, à la surprise
générale, d'entrer en matière. Ce changement
d'attitude représente un tournant, la sortie de l'immobilisme
pernicieux de ces dernières années. Lui qui avait
rejeté le premier plan Baker, l'accord-cadre, reste cependant
fondamentalement attaché au plan de règlement de 1991
et aux accords de Houston. Le Maroc, par contre, rejette le plan
Baker 2, bien que celui-ci accorde à la puissance
illégale d'occupation des droits importants. Le Maroc avait
précédemment accepté l'accord-cadre, dans le but
d'éviter un référendum.
La panique du Maroc
Le Maroc craint comme la peste l'autonomie accordée au Sahara Occidental. Crainte de la contagion, du changement, de la démocratie... Une gestion démocratique du territoire, des institutions républicaines pourraient séduire les colons marocains eux-mêmes et les amener à voter pour l'indépendance le moment venu ! Le futur statut d'autonomie transitoire nécessite une modification de la constitution marocaine. Cette brèche dans l'immuabilité des institutions politiques du Royaume risque d'ouvrir un débat plus global. L'autonomie du Sahara Occidental pourrait donner des idées à d'autres régions. La nature du régime, le statut du roi, les institutions pourraient être remises en question.
Le pari des Sahraouis
Les Sahraouis ont fait preuve jusqu'ici de beaucoup de bonne volonté, la liste de leurs concessions est longue: acceptation du plan de règlement, du cessezle- feu, des critères d'éligibilité de Perez de Cuellar, etc., etc. Ils ont maintenant accepté d'explorer le plan Baker 2, c'est un tournant, une nouvelle approche. Mais cela ne signifie pas l'abandon des droits du peuple sahraoui. L'objectif final demeure l'indépendance. La participation des colons marocains au vote du référendum constitue un pari risqué. Mais comme l'écrit le journaliste sahraoui Malaïnine Lakhal, «les Sahraouis savent qu'ils ne seront pas perdants si leur exemple peut aider le peuple marocain à gagner sa liberté et à se débarrasser d'un makhzen dépassé. Mieux, le Maroc aurait à ses côtés un Etat démocratique, avec lequel il pourrait entretenir à l'avenir des relations normales et équilibrées.»
L'arrière-plan
Une telle évolution est-elle possible dans un contexte international caractérisé au Maghreb par une lutte d'influence féroce entre la France et les USA ? La France a peur de l'influence grandissante des USA, qui cherchent à s'assurer le contrôle des ressources pétrolières et à s'installer comme superpuissance en Afrique. Le Maroc se retrouve en opposition avec la politique américaine au Maghreb. Situation intenable. Il doit donc, rapidement, améliorer ses relations avec les USA. Il se rapproche en ce moment d'Israël, offre une base militaire aux Américains à Dakhla (Sahara Occidental), prévoit même d'envoyer des troupes en Irak. L'Espagne, quant à elle, demeure tiraillée entre son soutien aux aspirations sahraouies et ses intérêts économiques au Maroc. A suivre.
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