S A H R A O U I E S |
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Hafida Ameyar est journaliste et s'exprime dans la presse indépendante algérienne. Elle suit la question du Sahara Occidental depuis 1990, elle est l'auteure de nombreux articles sur la question et d'un livre, « Sahara occidental, Que veut l'ONU ? », paru en 2000. Elle insiste ici sur les nouvelles perspectives du conflit du Sahara Occidental, soulignant la persistance de la volonté d'indépendance chez les jeunes Sahraouis, malgré 30 ans d'occupation militaire et civile marocaine.
Hafida AMEYAR
Depuis mai 2005, on assiste à une nouvelle dynamique dans les territoires sahraouis sous occupation marocaine, qui touche également des régions du sud du Maroc. Les Sahraouis et plus particulièrement les jeunes, étudiants, lycéens et collégiens, affichent plus ouvertement les couleurs du drapeau de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), au prix de leur vie, affrontant les forces coloniales marocaines seulement avec leur jeune corps et leurs rêves grandioses d'émancipation.
Que dire sur la cause du Sahara Occidental et sur l'avenir de la RASD, si ce n'est de mettre en exergue la détermination de la population sahraouie, aujourd'hui plus consciente que par le passé, à se libérer de la tutelle marocaine et de prendre sa destinée en main ? La violence, voire l'agression, dont fait preuve le royaume chérifien, ne trompent personne. Comme diraient les psy, elles interdisent « toute possibilité d'évaluer celui qui cherche une reconnaissance et toute perspective d'échange ». Elles montrent aussi que les dirigeants marocains souffrent d'une incapacité à communiquer et à supporter leur défaite, refusant d'élaborer le deuil ou la perte d'un territoire non autonome, inscrit sur la liste des territoires à décoloniser. En voulant imposer à tout prix leur vision des choses par la force (une pseudo autonomie) et en comptant sur la lâcheté de certains gouvernants et la complicité d'autres Etats, membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies.
On pourrait certes avancer l'idée d'un Etat sahraoui indépendant lointain, si l'on se réfère à l'intransigeance marocaine, aux moyens lourds déployés pour faire taire l'Intifada dans un territoire fermé aux observateurs internationaux indépendants, aux tergiversations d'une ONU souvent otage des batailles entre les puissances occidentales autour du nouveau partage du monde. On pourrait aussi dire que le plan Baker est toujours d'actualité et, donc, que les négociations entre les deux parties en conflit se jouent aujourd'hui sur le terrain, entre les forces d'occupation et la population sahraouie, avant de céder la place aux politiques Toutes les hypothèses sont peut-être permises, sauf que les prétextes et arguments mis en avant, toutes ces années par les autorités de Rabat et leurs principaux soutiens, n'accrochent pas. Pas même la nouvelle génération des Sahraouis élevée sur sa terre natale et assoiffée d'indépendance. Et ne semblent pas convaincre les Marocains, ceux-là mêmes qui ont le courage d'exprimer leur incompréhension devant les slogans de démocratie, une démocratie amputée du respect du droit le plus élémentaire : le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui.
Pour terminer, j'aimerais rappeler des propos tenus, il y a quelques semaines, par une lycéenne sahraouie d'El Ayoun occupée, dans l'hebdomadaire marocain El Bidaoui (du 28 novembre 2005). Cette jeune fille, qui s'est faite appelée Oum Lahna (qui veut dire : mère de la paix) avait affirmé que la vie sous l'autorité du Front Polisario signifiait avant tout la vie « sous la souveraineté sahraouie ». Et que s'il fallait parler d'« allégeance » comme le lui demandait le journaliste, autant parler de « notre allégeance au Sahara et à ses gens ». Oum Lahna s'était clairement déclarée comme une « Sahraouie », promettant que cette indépendance, qui n'a pas pu être arrachée par les aînés « pour une raison ou pour une autre », interpelle aujourd'hui les jeunes Sahraouis, qui feront « en sorte de la réaliser ».
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