S A H R A O U I E S |
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Les Nouvelles sahraouies ont reçu d'un activiste des droits humains habitant El Ayoun au Sahara Occidental sa description de la situation actuelle. Dans une lettre qui nous est parvenue fin décembre, il nous a fait part de ses impressions. Son témoignage aboutit à un appel à l'aide auquel nous ne pouvons rester insensibles.
En tant qu'activiste des droits de l'homme je confirme que la situation des droits de l'homme dans les territoires occupés du Sahara Occidental ne cesse de s'aggraver depuis le 21 mai dernier, date de déclenchement d'une série de manifestations pacifiques en faveur de l'autodétermination du peuple sahraoui.
La répression marocaine est à son apogée: les arrestations, les enlèvements, la torture en pleine rue et aussi dans les commissariats et dans les locaux secrets (PC-CMI) des femmes, des hommes et des enfants, sont devenus une pratique quotidienne de l'appareil répressif marocain, surtout à El Ayoun. L'assassinat de Hamdi Lambarki, le 30/10/2005 et l'indignation qu'il a suscité parmi les Sahraouis et aussi dans l'opinion internationale, ne semble pas freiner l'appareil répressif marocain. Pas plus tard que le vendredi 16/12/2005 les autorités marocaines ont commis des atrocités abominables contre les Sahraouis à El Ayoun, suite à une manifestation pacifique au quartier "al fath": plus d'une centaine de personnes blessées, parmi elles plus d'une cinquantaine torturées dans le maudit local du PC-CMI, transportées dans des véhicules des GUS (Groupes Urbains de Sécurité), puis abandonnées aux alentours d'El Ayoun vers 4h et demi du matin, parmi elles il y a des femmes. A titre d'exemple je cite ici le cas d'un jeune Sahraoui que les tortionnaires ont jeté à Foum el Oued (18 km à l'ouest de la ville) après l'avoir tabassé sur place, débarrassé de ses vêtements et rempli les oreilles de sable. Un autre jeune Sahraoui a été trouvé enfermé dans un égout sous un pont, tout nu. Un troisième a été laissé à 16 km à l'est d'El Ayoun dans un état lamentable. Une dizaine de chiens errants l'ont accompagné jusqu'à l'entrée de la ville, heureusement ils n'étaient pas aussi méchants que les policiers marocains.
Les établissements scolaires n'échappent pas à cette répression aveugle qui a touché les écoles, les collèges et les lycées. Aujourd'hui des centaines de policiers marocains en civil sont déployés dans les écoles et dans les rues, en plus des gendarmes, des forces auxiliaires et de l'armée qui quadrillent la ville d'El Ayoun.
En tant que défenseur des droits de l'homme et à l'instar de mes collègues, j'éprouve les plus grandes difficultés à observer et documenter les violations des droits humains, à cause des menaces de poursuites et des intimidations émanant de l'appareil répressif marocain. Reste à préciser ici que les différentes autorités marocaines, administratives, sécuritaires, judiciaires et même médicales ont contribué, chacune à sa manière, à la persécution des Sahraouis. La police enlève, torture et fait la loi de la jungle en toute impunité, les juges condamnent sur la base des procès-verbaux fabriqués par la police judiciaire, et même les hôpitaux publics refusent de soigner les blessés de la torture. S'ils les acceptent, ils refusent de leur délivrer un certificat médical ! C'est vraiment la loi de la jungle et le peuple sahraoui dans les territoires occupés se trouve aujoud'hui face à un Etat répressif. Seule une protection internationale peut le sauver de la répression marocaine et contribuer à faire respecter ses droits légitimes.
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